Hypersensibles : comment les aider à survivre en entreprise
Absence de filtres, ruminations, mal-être, syndrome de l’imposteur, perfectionnisme, sens de la justice particulièrement développé… autant de difficultés auxquelles sont confrontés de nombreux salariés « hypersensibles empathiques ».
Les hypersensibles ont un risque plus élevé de souffrir de burn-out, mais s'ils évoluent dans un environnement qui leur correspond et se sentent bien dans leur peau, alors ils sont très créatifs, passionnés et dotés d'une excellente vision des choses.
On en parle depuis peu, et pourtant, ils seraient environ 20 % de la population mondiale à être « hypersensibles ». Un terme généraliste pour une réalité plus complexe.
« Les hypersensibles sont également hyper empathiques ».
Autrement dit, les ultrasensibles ont cette capacité à ressentir ce que ressentent les autres, jusque dans leur corps physique.
« Ça ne nous appartient pas, mais on capte tout un tas d’informations sensibles qui peuvent largement nous encombrer ! On absorbe sans le vouloir les émotions des autres, parfois sans savoir d’où ça vient ».
On comprend aisément que dans un cadre professionnel, cela puisse être difficile à gérer. D’où la nécessité de chercher à comprendre comment fonctionnent ces personnes pour mieux les accompagner.
Loin d’être une lubie ou un effet de mode, l’hyper ou l’ultrasensibilité ont toujours existé.
Or, ce sujet est longtemps resté caché sous le tapis. La sensibilité était d’ailleurs souvent confondue avec la sensiblerie, elle-même largement associée aux femmes, ou tout au mieux aux artistes, acteurs chanteurs, auteurs…
Si l’avènement de la sensibilité émerge aujourd’hui, c’est parce que la société est en mutation. « Nous vivons dans une époque qui est en train d’accepter les différences entre les personnes. Il y a désormais de la place pour les hypersensibles, les autistes… ».
« Une sensation de ne pas être adaptés à ce monde »
Les ultrasensibles se définissent par l’association de 4 caractéristiques qui s’expriment au plus haut degré :
- Le sensoriel, avec une hyperstimulation des 5 sens sans aucun filtre pour éviter la surcharge
- L’émotionnel, avec une réactivité plus forte que la moyenne
- Le cognitif, avec des connexions multiples et instantanées des neurones
- L’intuitif, poussant le cœur à s’exprimer en premier pour voir et sentir très rapidement les choses et les événements de manière globale.
Résultat ?
« Les personnes ultrasensibles éprouvent souvent la sensation de ne pas être adaptées à ce monde ».
Au quotidien, cela se traduit par une grande fatigabilité, par un besoin de se ressourcer régulièrement, sans forcément s’en rendre compte, et sans même s’autoriser à le faire car, paradoxalement, les ultrasensibles sont « tout le temps en train d’essayer ».
Ce n’est pas un hasard par ailleurs si ces personnes sont plus sujettes au burn out.
Leur sentiment de légitimité est souvent mis à mal, elles n’ont pas spécialement confiance en elles et ont besoin d’être encouragées, rassurées, valorisées, afin de contrebalancer avec un fort sentiment d’imposture.
Dans la même logique de fonctionnement, les ultrasensibles se retrouvent rapidement submergés, non par désorganisation ou par moindres capacités, mais parce qu’ils ne savent pas hiérarchiser ni prioriser, considérant toutes les tâches sur le même plan d’importance.
« C’est terrible, les salariés doués d’une ultrasensibilité sont souvent à ramasser à la petite cuillère, car mal traités dans leur environnement professionnel comme personnel. Or, ces mêmes salariés ont un énorme potentiel quand l’environnement leur correspond ».
Un relationnel parfois compliqué avec les collègues
Autre aspect difficile à gérer pour les ultrasensibles au travail : les relations entre collègues.
« Le relationnel peut être rendu très compliqué puisqu’ils sont toujours dans le ressenti. On ne peut pas cacher grand-chose à un ultrasensible ! Et parce que leur émotionnel et leur intuition surréagissent, la moindre petite chose va devenir centrale et être sujette à surinterprétation ».
En d’autres termes, ces salariés prennent tout de plein fouet, sans pouvoir prendre de recul, mais sans pour autant être dans la communication et l’expression de ce qu’ils ressentent.
Les hypersensibles sont dans la recherche permanente d’harmonie, en faisant ce que les autres font, en essayant d’adhérer à leurs idées, à leurs pensées ou en imitant leurs manières d’être et de faire même s’ils ne sont pas en accord au fond d’eux-mêmes.
Ils vont chercher à s’adapter aux autres en répondant à leurs besoins et leurs attentes, et donc en s’effaçant, en faisant passer les collègues au premier plan dans le but de leur faire plaisir, d’être acceptés et estimés.
Une stratégie qui a ses limites et peut déboucher sur des périodes compliquées, pour la personne ultrasensible comme pour l’équipe, qui bien souvent se retrouve impuissante face à ce comportement.
D’ailleurs, le besoin de s’isoler que ressentent les salariés à la sensibilité hors norme est fréquent, surtout quand ils évoluent en open space.
« Quand on souffre d’hypersensibilité dans un environnement qui ne l’accepte pas et qu’on ne la maîtrise pas nous-même, on donnerait tout pour se mettre en retrait, par instinct de protection, parce que le travail en équipe nous épuise ».
« Être hypersensible n’est pas une imperfection, n’est pas une faiblesse, n’est pas une fragilité, n’est pas une impression et n’est certainement pas une psychopathologie… C’est pour moi une singularité précieuse »
Des salariés hors du commun quand on veut bien les comprendre
Sentiment d’être toujours en décalage, jamais à sa place, sentiment de solitude, d’imposture en cas de réussite, sens de la justice, besoin de se forger une protection… autant de caractéristiques qui cohabitent cependant avec une grande empathie, une curiosité et une vélocité d’esprit hors norme, une grande intuition, une capacité de résilience et un besoin inconditionnel de cohérence.
« Le salarié hypersensible, quand il connait sa force et son talent, est un salarié précieux pour une entreprise ! ».
En effet, à l’opposé des clichés de personnes tristes et dépressives qui collent souvent à la peau des hypersensibles, ce sont des personnes qui débordent d’énergie et remontent vite la pente !
« Peut-être un peu mélancoliques, mais pleines d’énergie ».
L’hypersensibilité cognitive a ceci de reconnaissable qu’elle pousse les personnes concernées à pouvoir faire plusieurs choses en même temps, souvent parce qu’elles en ont besoin.
« Leur fonctionnement cognitif en arborescence a besoin d’être alimenté en permanence, il leur faut toujours du grain à moudre. Elles ont plusieurs cordes à leur arc, un potentiel multiple, ce qui est largement compatible avec des postes à responsabilité ».
Mais parce qu’il est impossible et inutile de faire des généralités, chez les ultrasensibles comme pour l’ensemble des salariés, il y a des tempéraments de leaders comme d’exécutants.
Leur grande conscience professionnelle fait d’elles des personnes fiables, des collègues fidèles sur qui on peut compter, « mais pour cela, il faut avoir leur confiance et leur faire confiance. C’est à ce moment-là qu’ils pourront déployer toute leur énergie».